Les ressortissants sénégalais et ivoiriens font face à une situation inédite à l’approche de la Coupe du Monde 2026 organisée conjointement par les États-Unis, le Canada et le Mexique. En raison d’un décret présidentiel récent signé par Donald Trump, une large partie des supporters de ces deux pays ne pourra pas assister aux matchs disputés sur le sol américain. Ce texte impose de nouvelles restrictions d’entrée aux États-Unis visant les Sénégalais et les Ivoiriens, officiellement justifiées par des taux jugés élevés de dépassement de visas touristiques vers les États-Unis.
Selon ce dispositif, les demandes de visas de court séjour en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire sont soumises à un durcissement considérable, ce qui rend, dans les faits, extrêmement difficile la venue de supporters ordinaires pour suivre leurs équipes nationales dans les stades américains. Les autorités américaines mettent en avant les statistiques de dépassement de visas pour justifier cette décision, arguant d’une volonté de mieux contrôler les flux migratoires, tandis que de nombreux médias et observateurs dénoncent une mesure qui frappe le public plutôt que les éventuels fraudeurs.
Cette situation est particulièrement sensible pour le Sénégal, qualifié pour la phase finale et placé dans le Groupe I, aux côtés de la France, de la Norvège et d’une équipe issue des barrages. Le calendrier prévoit que les Lions de la Teranga affrontent la France et la Norvège au MetLife Stadium, dans le New Jersey, sur le territoire des États-Unis, tandis qu’un autre match est programmé à Toronto, au Canada. Les fans sénégalais peuvent donc espérer remplir les tribunes au Canada, mais se voient, pour la plupart, privés de la possibilité d’assister aux rencontres disputées sur le sol américain en raison des nouvelles restrictions.
Ainsi, pour de nombreux supporters sénégalais, le match prévu à Toronto pourrait devenir la seule véritable opportunité de voir leur équipe évoluer en direct durant ce Mondial nord-américain. Le contraste est frappant : d’un côté, des stades américains où l’ambiance pourrait être amoindrie par l’absence d’une partie du public africain le plus passionné ; de l’autre, un stade canadien susceptible de se transformer en bastion des fans sénégalais ayant réussi à obtenir un visa canadien.
Pendant que Sénégalais et Ivoiriens se heurtent à des obstacles politiques pour accéder aux tribunes, la Mauritanie vit une autre forme de frustration liée au Mondial 2026. La sélection mauritanienne, malgré une progression notable ces dernières années, a été éliminée lors des qualifications de la zone Afrique, échouant à obtenir l’une des places attribuées via les phases de groupes et les barrages. Cette élimination prématurée a privé le pays d’une première participation historique à une phase finale de Coupe du Monde, qui aurait constitué un tournant symbolique pour le football mauritanien.
Si la Mauritanie avait réussi à se qualifier, les bénéfices auraient été multiples : exposition médiatique mondiale pour les joueurs et le pays, retombées économiques liées aux droits télévisuels et aux sponsors, mais aussi un immense impact psychologique sur la jeunesse mauritanienne, qui se serait reconnue dans une équipe nationale présente sur la plus grande scène du football. Une qualification aurait pu accélérer les investissements dans les infrastructures sportives, les centres de formation et les programmes de développement du football de base, avec, à la clé, une amélioration durable du niveau local.
L’élimination rappelle que le chemin reste encore long pour les Mourabitounes. Entre la nécessité de renforcer les championnats locaux, de structurer davantage la formation des jeunes et d’accumuler de l’expérience dans les grandes compétitions africaines, la Mauritanie se trouve à un moment charnière : les progrès sont visibles, mais la marche vers un Mondial reste élevée. Chaque campagne de qualification constitue néanmoins un apprentissage, et l’absence à l’édition 2026 peut servir de moteur pour mieux préparer les échéances suivantes, notamment les qualifications pour 2030.
L’ensemble de ces éléments montre à quel point la Coupe du Monde 2026, loin d’être seulement un événement sportif, est traversée par des enjeux politiques, migratoires et de développement. Pour le Sénégal et la Côte d’Ivoire, la fête mondiale se voit ternie par un décret qui limite la présence de leurs supporters aux États-Unis, tandis que la Mauritanie mesure le coût sportif et symbolique de son absence. Entre décisions de visas et résultats sur le terrain, le football révèle encore une fois qu’il est intimement lié aux réalités géopolitiques et aux trajectoires nationales.
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