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Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président. Le Gaz Mauritanien: Espoir ou illusion.

Texte intégral de la lettre: Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président de la République Objet : Le gaz, levier industriel ou nouvelle victime du lobby des importateurs ...
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Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président de la République

Objet : Le gaz, levier industriel ou nouvelle victime du lobby des importateurs ?

Excellence Monsieur le Président,

En ma qualité d’ingénieur spécialisé dans les secteurs du pétrole et du gaz, et mû par un attachement sincère à l’avenir de notre nation, je me permets de m’adresser à vous aujourd’hui pour vous faire part d’une conviction profonde : la Mauritanie est à la croisée des chemins, face à une opportunité rare de transformer ses ressources gazières en levier majeur de développement industriel.

Votre programme électoral, riche en réformes et projets structurants, reflète une volonté affirmée de rompre avec les cycles d’économie rentière stérile. Toutefois, l’expérience a appris que l’exploitation optimale du gaz naturel ne saurait se résumer à sa mise sur le marché international sous forme brute. Ce serait là une vision réductrice, et un gaspillage d’un potentiel dont la vraie valeur réside d’abord dans sa transformation locale, au service d’un tissu industriel national solide et pérenne, générateur d’emplois, de savoir-faire et de souveraineté économique.

L’enjeu n’est pas simplement d’accroître les recettes publiques, mais bien de jeter les bases d’un nouveau paradigme économique où le gaz devient le moteur d’un écosystème productif, résilient et exportateur. C’est pourquoi je me permets d’insister pour que cette valorisation industrielle du gaz soit érigée en priorité absolue de votre second mandat, non pas comme un volet parmi d’autres, mais comme l’axe structurant autour duquel s’articule la relance économique du pays. Car bien exploité, ce potentiel pourrait inaugurer pour la Mauritanie non seulement une nouvelle phase, mais un véritable décollage industriel, tant attendu et désormais à portée de main.

Excellence Monsieur le Président,

Qu’il me soit permis, de rendre un hommage appuyé à l’une des réalisations majeures de votre premier mandat — réalisation qui, bien que déterminante, est restée relativement en marge des éloges publics : la réhabilitation en profondeur de la Route de l’Espoir.

Cet axe structurant, érigé dans les années 1970, constitue l’artère vitale reliant onze des quinze wilayas du pays, et traverse des zones aux enjeux économiques, sociaux et humains majeurs. Or, durant des décennies, il a été laissé à l’abandon, dans un état de dégradation alarmante : revêtement inexistant sur de longues distances, affaissements, crevasses, entravant la circulation, mettant quotidiennement des vies en danger et occasionnant des pertes matérielles considérables.

Face à cette situation chronique, les gouvernements successifs se sont limités à des interventions ponctuelles, superficielles et éphémères, sans jamais initier une refonte durable. Vous avez, pour votre part, pris la pleine mesure de l’enjeu stratégique que représente cette infrastructure, et avez agi, sans fracas médiatique ni logique de gratification politique, avec méthode, rigueur et sens de l’intérêt général.

C’est en cela que votre démarche suscite la confiance : elle repose non sur les promesses, mais sur les résultats. Et c’est précisément au nom de cette même vision lucide et pragmatique que nous plaçons en vous l’espoir de voir émerger, sous votre conduite, une stratégie nationale ambitieuse d’exploitation industrielle de notre richesse gazière, au service d’une transformation structurelle de notre économie.

Monsieur le Président,

Le gaz naturel ne doit pas être perçu uniquement comme une source de revenus, mais comme un levier stratégique pour développer une base industrielle intégrée dans des secteurs tels que la sidérurgie, la métallurgie des métaux précieux, la pétrochimie, le dessalement, la transformation halieutique et la production d’électricité – autant de piliers capables de transformer durablement l’économie nationale.

  1. Industrie du fer et de l’acier :
    Grâce à ses propriétés thermiques, le gaz est utilisé dans les procédés de réduction directe du minerai de fer pour produire un acier de haute qualité de manière plus propre. Avec ses vastes réserves de fer, la Mauritanie a l’opportunité d’ériger des aciéries locales, ajoutant ainsi de la valeur à ses ressources au lieu de les exporter à l’état brut.
  2. Transformation du cuivre et de l’or :
    Le raffinage de ces métaux requiert une chaleur intense, fournie efficacement par le gaz. En installant des unités de traitement sur place, la Mauritanie pourrait capter la valeur ajoutée de ses métaux.
  3. Industrie pétrochimique :
    Le gaz naturel permet la fabrication de produits à forte valeur ajoutée comme les engrais azotés (urée, ammoniac), les matières plastiques, les solvants, les résines synthétiques et d’autres composants essentiels à l’industrie chimique. Ce secteur ouvre la voie à une intégration industrielle en aval et à la création de pôles d’exportation compétitifs en Afrique de l’Ouest et partout dans le monde.
  4. Dessalement de l’eau :
    L’énergie du gaz peut alimenter des stations de dessalement pour produire de l’eau potable dans les régions arides ou salines, et fournir de l’eau d’irrigation pour l’agriculture intérieure, contribuant ainsi à la sécurité hydrique et à la stabilisation démographique.
  5. Transformation des produits de la mer :
    Le gaz joue un rôle essentiel dans les chaînes de production de poissons, notamment dans la cuisson, la stérilisation et la congélation. Il peut aussi alimenter les usines de fabrication de farine et d’huile de poisson, générant de nombreux emplois et renforçant les exportations.
  6. Production d’électricité :
    En utilisant le gaz pour la génération électrique, il est possible de réduire significativement le coût de l’électricité – jusqu’à 50 % – ce qui aurait un impact positif sur le pouvoir d’achat des citoyens et sur la compétitivité globale de l’économie.
  • Des ressources révélées… mais restées sans effet

La découverte du champ pétrolier de Chinguetti avait nourri de grands espoirs : avec une raffinerie déjà implantée à Nouadhibou, tout laissait penser que le pays allait enfin valoriser ses richesses en aval. Pourtant, la réalité fut tout autre : le pétrole fut exporté brut, sans jamais passer par la raffinerie, et sans générer ni emploi local ni transformation industrielle. Cette raffinerie, laissée à l’abandon, incarne un gâchis douloureux dans notre parcours économique.

L’annonce de la découverte de gaz avait ravivé lui aussi l’espoir d’un tournant industriel et économique majeur. L’on s’attendait à une mobilisation sans faille des autorités compétentes, déterminées à faire coïncider l’exploitation du gisement avec le lancement de projets structurants. Mais malheureusement, le rendez-vous avec cette opportunité historique semble avoir été manqué.

Le sentiment qui prévaut aujourd’hui, est celui d’un retard de préparation, comme si une telle mutation nationale s’engageait sans boussole ni feuille de route cohérente. Une situation qui appelle à une prise de conscience collective et à une accélération des efforts de structuration autour de cette ressource capitale.
À défaut d’un sursaut politique audacieux, le pays risque de laisser passer une fois encore une opportunité historique de développement souverain.

L’ombre persistante des intérêts rentiers : vers une répétition tragique du sabotage industriel

Je tiens également à formuler une préoccupation que je juge profondément fondée : celle d’un risque systémique, celui de voir le potentiel gazier de notre pays entravé non par des limites techniques ou financières, mais par la résurgence d’intérêts privés puissants dont la prospérité repose précisément sur le statu quo de la dépendance.

Croire que le développement industriel impulsé par le gaz se fera sans résistance serait d’une naïveté dangereuse. Le lobby bien installé de certains importateurs, historiquement opposé à toute dynamique de production nationale, dispose des relais nécessaires pour saboter toute stratégie d’autonomisation économique. Leur méthode est éprouvée : verrouiller le marché intérieur par des importations massives de produits souvent dénués de contrôle qualitatif, dans un climat de laxisme réglementaire, tout en marginalisant les voix favorables à l’industrie locale.

Ce scénario n’est pas hypothétique : il s’est déjà produit. La raffinerie de Nouadhibou en fut la victime emblématique. Sa mise à l’arrêt ne fut pas le fruit d’une absence de viabilité technique, mais bien d’une coalition d’intérêts déterminée à empêcher l’émergence d’une souveraineté énergétique. Je tiens à affirmer ici que je détiens la preuve irréfutable de l’ensemble des faits relatifs à ce sabotage économique délibéré, documents et témoignages à l’appui. Ce révisionnisme économique s’est même vu légitimé à haut niveau, lorsque le Président de la République a, à l’époque, rapporté que des experts mauritaniens et étrangers lui avaient conseillé de démonter la raffinerie et de la jeter à la mer, tant elle était perçue comme un obstacle aux circuits de rente établis.

Aujourd’hui, des déclarations similaires émergent à propos du gaz, tentant d’en relativiser l’importance stratégique. Cette banalisation, si elle devait prévaloir, signerait non seulement l’échec d’une promesse de rupture, mais consacrerait l’enracinement d’un modèle économique régressif, où les intérêts privés prennent en otage l’intérêt national.

Excellence Monsieur le Président,

Je tiens à souligner que ma prise de position actuelle sur la question du gaz ne procède nullement d’une réaction circonstancielle ou improvisée. Elle s’inscrit dans une démarche constante que j’ai adoptée depuis plusieurs années, à travers des interventions directes et des publications dans la presse.

Mon insistance découle d’une conviction profonde : le gaz naturel constitue non seulement une richesse stratégique, mais surtout une opportunité historique ultime, susceptible de redéfinir les fondements mêmes de notre modèle économique national.

C’est dans cette perspective que je me permets, une fois encore, d’interpeller solennellement votre haute autorité afin que l’exploitation industrielle et souveraine de notre potentiel gazier soit érigée au rang de priorité stratégique majeure de votre seconde mandature — vous qui avez déjà démontré, par des réformes audacieuses, votre capacité à concrétiser ce que d’autres n’ont su qu’annoncer.

Recevez, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.

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