
Le 22 mai 2025, le président mauritanien Mohamed Cheikh El Ghazouani a effectué une visite au site gazier de Grand Tortue Ahmeyim (GTA), marquant une étape symbolique dans le développement énergétique du pays. Cependant, cette visite met en lumière le contraste entre les deux pays voisins : tandis que le Sénégal avance rapidement dans la valorisation de ses ressources gazières, la Mauritanie semble accuser un certain retard dans la mise en place des infrastructures nécessaires.
Le Sénégal en pleine course contre la montre
Le Sénégal a adopté une stratégie proactive pour exploiter le gaz du projet GTA. Le pays a lancé plusieurs projets structurants pour garantir l’utilisation domestique du gaz naturel produit.
Projets clés déjà attribués :
- Gazoduc Segment Nord vers Gandon : Ce projet d’un gazoduc de 85 km (45 km en mer et 40 km sur terre) vise à acheminer le gaz du hub GTA vers la centrale électrique de Gandon, près de Saint-Louis. Il permettra au Sénégal de consommer ses premiers kilowattheures de gaz domestique. Le marché a été attribué au groupement européen Sicilsaldo Spa / Enerco Spa / Micoperi Spa.
- Centrale électrique de Cap des Biches (250 MW) : En mai 2025, un appel d’offres a été publié pour une centrale à cycle combiné alimentée au gaz, située dans la région de Dakar. Cette infrastructure renforcera la capacité énergétique du pays tout en réduisant la dépendance aux combustibles importés.
- Centrale de Malicounda (120 MW) : Le financement de cette centrale au gaz a été finalisé à hauteur de 154 millions d’euros, confirmant sa mise en œuvre dans le cadre de la stratégie nationale Gas-to-Power.
- Réseau gazier national (300 km) : Le projet vise à connecter les zones de production aux centres industriels et énergétiques, avec un double objectif : souveraineté énergétique et valorisation locale du gaz.
Par ailleurs, le Sénégal a mis en place l’Institut National du Pétrole et du Gaz (INPG) pour former des cadres qualifiés et accompagner la montée en compétence du secteur. L’INPG est un pilier de la stratégie nationale visant à internaliser le savoir-faire dans la gestion et l’exploitation des ressources pétrogazières.
La Mauritanie à la traîne
En comparaison, la Mauritanie n’a pas encore concrétisé de projets énergétiques majeurs liés au gaz de GTA. Aucun gazoduc domestique ni centrale à gaz n’est encore opérationnel, et les dispositifs de transformation locale du gaz restent à structurer. Cette inertie retarde les bénéfices économiques et sociaux potentiels du gaz offshore.
La visite du président Ghazouani à Hmeyim souligne l’importance stratégique du projet GTA pour la Mauritanie. Cependant, sans une accélération des efforts pour développer les infrastructures gazières, le pays risque de rester en retrait par rapport à son voisin sénégalais, qui avance résolument vers une transition énergétique soutenue par l’exploitation de ses ressources naturelles.
Ecrit par: l’Ingénieur El Hadj Sidi Brahim SIDI YAHYA
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