L’autonomisation des jeunes : entre les slogans en Mauritanie et la décision tranchée au Maroc - وكالة الحوض للأنباء

L’autonomisation des jeunes : entre les slogans en Mauritanie et la décision tranchée au Maroc

La participation des jeunes à la vie politique constitue un pilier fondamental de toute démocratie vivante et capable de se renouveler. Les jeunes ne représentent pas seulement un ...
Image

La participation des jeunes à la vie politique constitue un pilier fondamental de toute démocratie vivante et capable de se renouveler. Les jeunes ne représentent pas seulement un réservoir numérique, mais portent également des visions nouvelles, un esprit critique et une capacité à rompre avec les schémas traditionnels de la pratique politique. Sans leur intégration effective dans les centres de décision, la classe politique demeure prisonnière des mêmes visages et le fossé se creuse entre l’État et les générations montantes. Or, cette intégration ne peut se réaliser à travers de simples slogans ou des cadres symboliques ; elle nécessite des politiques publiques audacieuses garantissant l’égalité des chances et libérant la participation politique de la logique de l’argent et de l’influence.

Dans ce contexte, le contraste frappant entre les expériences marocaine et mauritanienne en matière d’intégration des jeunes dans la représentation politique révèle une différence nette entre une autonomisation réelle au Maroc et une autonomisation purement formelle, limitée aux approches consultatives en Mauritanie.

L’approche mauritanienne : une autonomisation discursive

En Mauritanie, la Stratégie nationale pour la jeunesse (2024-2030) repose sur des mécanismes consultatifs, notamment le Cadre national de concertation des jeunes, qui désigne des représentants aux niveaux local et national, en plus de programmes de formation visant à renforcer la citoyenneté et la participation publique.
Malgré l’importance de ces initiatives sur le plan des principes, elles se heurtent à l’absence d’un élément décisif : le soutien financier direct aux jeunes candidats aux élections. En conséquence, la participation des jeunes aux échéances parlementaires demeure tributaire de leurs moyens personnels limités ou du soutien des partis traditionnels, ce qui rend leur présence faible et incapable d’exercer une réelle influence sur les équilibres décisionnels.

L’approche marocaine : un financement pouvant atteindre 75 % pour lever les obstacles

À l’inverse, le Maroc a choisi de passer de la logique des intentions à celle des mesures concrètes. Le nouveau projet de loi organique (octobre 2025) prévoit la prise en charge pouvant aller jusqu’à 75 % des coûts des campagnes électorales des candidats jeunes de moins de 35 ans, qu’ils soient affiliés à des partis ou indépendants, tout en abaissant le seuil d’éligibilité au financement public à 2 % des voix.
Cette mesure, combinée à des mécanismes antérieurs tels que la liste nationale, constitue une avancée qualitative offrant aux jeunes une véritable autonomie et leur ouvrant les portes du Parlement sans dépendre du financement des partis ou des lobbies financiers.

Pourquoi le soutien financier est-il une nécessité démocratique ?

L’approche marocaine repose sur une logique réaliste : sans soutien financier, les jeunes sont condamnés à la marginalisation ou à l’instrumentalisation. Les campagnes électorales sont par nature coûteuses : publicité, déplacements, travail de terrain et communication avec les électeurs. Sans intervention de l’État pour assumer une part significative de ces coûts, les jeunes restent de simples chiffres dans les stratégies nationales, et non de véritables acteurs de la scène politique.
De plus, ceux qui réussissent en l’absence de ce soutien sont souvent dépendants de politiciens fortunés ou de partis ayant financé leur campagne, ce qui conduit à la reproduction des anciennes élites et ferme la voie à un véritable renouvellement de la classe politique. À l’inverse, le financement public, comme dans le modèle marocain, garantit la liberté de décision et l’indépendance, et jette les bases d’une démocratie participative fondée sur la compétence plutôt que sur la dépendance.

La comparaison montre que la différence entre les deux expériences ne réside pas dans les intentions, mais dans les outils. Si la Mauritanie souhaite opérer une transition réelle d’une autonomisation symbolique vers une autonomisation effective, la première étape passe par une réforme législative liant la participation des jeunes au soutien financier public, et faisant de l’accès à la représentation politique un droit accessible, et non un privilège soumis à l’argent ou à la loyauté. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’on pourra parler d’un véritable renouvellement de la classe politique, et non de sa simple reproduction sous des noms plus jeunes.

Ecrit par l’Ingénieur El Hadj SIDI BRAHIM

📌  Plus d’actualités sur le lien : https://www.elhodh.info/fr/al-hawd-news-3/


شائع

اترك تعليقك